B9 La Faïencerie SCHOPIN

Parcours Histoire et Patrimoine – Parcours Bleu

The SCHOPIN ceramics factory (active from 1872 to 1889) and the Maison du Gué

This ceramics factory was the birthplace of Montigny-sur-Loing’s first fine ceramics workshops.

Louis Eugène SCHOPIN (1831-1893) is the son of Henri Frédéric SCHOPIN, a famed historical painter, winner of the Prix de Rome. Henri also worked on the decoration of the Hôtel de Ville in Paris and the chapel of the Château de Fontainebleau – and later decorated some of Louis Eugène’s ceramics.

As a soldier in Nevers, the younger L.E. SCHOPIN, frequented the earthenware factories there, learning about the manufacture of ceramics. He began his career in Fontainebleau, in the atelier of ceramist, Etienne. JACQUEMIN. He also built a kiln for his own work. The war of 1870 destroyed this workshop.

When the war ended, Eugène SCHOPIN and his family settled in Montigny in “la Maison du Gué” (The House at the Ford), which was owned by his brother-in-law. There he built a kiln and atelier. SCHOPIN quickly adopted the “barbotine” technique. From 1874 onwards, he and his invaluable team of decorative artists, including Alexandre RENAULT, won a number of prizes and medals.

In 1877, he bought a property located in the main street where he installed additional workshops and kilns in order to increase production.

Eugene SCHOPIN was an active participant in the life of Montigny, serving two terms as town councillor. He also donated the land for the construction of a staircase from the church square to the main street, and funded the development of the junction of the road to Grez.

In 1885, SCHOPIN sold the pottery to Arthur Lee PEARSON and moved to Algeria, where he died.

Georges Frédéric SCHOPIN (1837-1893), Eugène’s brother, was a landscape painter who made his debut at the 1859 Salon. He painted the beautiful ceramic plates of the front of the house later owned by the painter Schulz.

La maison du Gué

Isidore MONTAIGNAC, director of the famous Parisian gallery Georges PETIT, bought the old faience factory from the SCHOPIN family in 1893. He created a house with large windows to showcase the beautiful view of the river. The rooms are centered around an imposing staircase leading to a gallery, which served as an extension of the Parisian Gallery. Both local artists and more well-known painters such as Auguste RODIN and Eugene BOUDIN exhibited there, some of the staying with MONTAIGNAC for extended periods.


La famille SCHOPIN

Henri Frédéric Schopin, (1804-1880) Né à Lübeck en Prusse, est peintre d’histoire, Prix de Rome en 1831, membre de l’Académie de Saint Petersbourg en 1848. D’une famille d’artistes, ses deux grands-pères étaient, l’un graveur en médaille (Jean-Léon Schopin), l’autre sociétaire de la Comédie Française.

Henri Frédéric Schopin a travaillé à la décoration de l’Hôtel de Ville de Paris et à celle de la chapelle du château de Fontainebleau. Il a également décoré quelques céramiques chez son fils Eugène à Montigny. Il a offert un grand tableau de l’Assomption de la Vierge Marie pour décorer la tribune de l’église de Montigny. Le conseil municipal de l’époque a décidé de lui offrir la concession à perpétuité qu’il voulait acheter au cimetière, il y est enterré.

Son premier fils, Louis-Eugène SCHOPIN (1831-1893) en garnison à Nevers, fréquente les nombreuses faïenceries et s’initie à la fabrication des céramiques. Il vient retrouver son père à Fontainebleau vers 1866 et travaille chez le céramiste E. Jacquemin à Avon. Passionné par cet art, il construit chez lui à Avon, un four pour la cuisson de pièces qu’il façonnait et décorait selon sa fantaisie. La guerre de 1870 détruit cet atelier.

Louis Eugène Schopin

Eugène Schopin en famille

Son deuxième fils, Georges-Frédéric Schopin (1837-1893) est peintre paysagiste et débute au Salon de 1859. À partir de 1876, il habite avec sa femme une grande maison voisine du moulin, dont il a décoré la façade des belles plaques de céramique qui subsistent à ce jour. Bien qu’on ne leur connaisse pas de signature, ces plaques lui sont attribuées. Après sa mort, la maison est louée au peintre Adrien Schulz .qui l’achètera en 1924.

La faïencerie Eugène SCHOPIN

A la fin de la guerre de 1870, Louis-Eugène SCHOPIN, à 41 ans, s’installe à Montigny avec sa famille dans la propriété que son beau-frère Colbrant avait achetée à la famille du graveur Armand Caqué.

En septembre 1872, il obtient l’autorisation d’y construire un four et des ateliers pour la production de faïence d’art.

Plan des bâtiments affectés à la production de faïence d’Art (Archives départementales de Seine et Marne)

L’atelier est équipé d’un four à moufle* de 1.75 m de diamètre et 5 m de haut environ.

*Un four à moufle est un four à bois dont la structure est à double enveloppe afin que la flamme ne touche pas directement les céramiques décorées et émaillées qui doivent être préservées des chocs thermiques et de l’oxydation.

Entrée de la faïencerie d’art Schopin. Plaque décorée à la barbotine colorée.
L’entrée des ateliers avant 1890 (portail et bâtiment blanc, photo coll particulière

C’est dans cette faïencerie que naissent les premières céramiques d’art de Montigny sur Loing.

 

Eugène SCHOPIN adopte rapidement la nouvelle technique de la barbotine, et fait croître son atelier ainsi que le nombre de ses collaborateurs.

En 1877, Il achète une propriété située plus haut dans la grande rue (actuelle rue du Loing) et y installe d’autres ateliers et un four pour intensifier la production. En 1880, 22 personnes travailleront à la faïencerie Schopin.

“Chronologie des Ateliers de Faïencerie d’Art SCHOPIN” avant le croquis

1-Faïencerie d’art Eugène Schopin

C-Maison de Georges Schopin, puis d’Adrien Schulz

 2-Extension de l’atelier d’Eugène Schopin
(puis, A.L. Pearson, J. Cachier, Georges Delvaux)

Chronologie des Ateliers de Faïencerie d’Art SCHOPIN

 

Les productions de la faïencerie SCHOPIN

Eugène SCHOPIN se spécialise dans la production de faïences avec décors dit à la barbotine. La technique à la barbotine utilise une terre délayée teintée par des composés métalliques. Cette technique nécessite une grande maîtrise du pinceau et de l’anticipation du rendu des couleurs car ces dernières ne se révèlent qu’à la cuisson. L’effet produit évoque la touche en relief de la peinture à l’huile des impressionnistes. Le procédé exige des artistes confirmés.

Plusieurs spécialistes participent à la fabrication : mouleurs et tourneurs pour la mise en forme des pièces en terre ou pate de faïence ou de grès, décorateurs pour appliquer les motifs sur les pièces brutes, chauffeurs pour le maintien du four en température pour la cuisson, vendeurs…

La vente des céramiques achevées se fait soit sur place au magasin, soit dans des commerces spécialisés à Fontainebleau et à Paris, dans des hôtels, à l’occasion des expositions, et dans plusieurs pays (Angleterre, Belgique, Pays bas…).

Les pièces produites par les ateliers sont de formes variées : vases, pots, jardinières, assiettes, plats, coupes, tasses, encriers, plaques décoratives, porte montre, etc…

Elles portent généralement la marque M.s.L. et sont souvent accompagnée des initiales du peintre.

 

Pièces produites à l’atelier Schopin

Les décors de fleurs obtiennent un grand succès dès 1874. À l’Exposition universelle de 1878, Schopin reçoit une médaille d’argent.

De nombreux artistes ont travaillé dans l’atelier de Schopin, parmi les principaux :

Jules Auguste Habert-Dys (1850-1930) entre en apprentissage à 13 ans chez un peintre décorateur de Blois, puis à 17 ans chez un céramiste où il apprend le métier. Il vient à Paris en 1874 et étudie dans l’atelier de Gérôme aux Beaux-Arts de Paris. Il entre ensuite chez Laurin à Bourg-la-Reine et s’intéresse au procédé de la barbotine de Ernest Chaplet. En 1877, il part pour l’atelier parisien de Haviland, chez Félix Bracquemond, avec lequel il travaille deux années en compagnie de Degas et d’Aubé. L’année suivante, il arrive chez Schopin à Montigny, où la technique de la barbotine est un peu différente de l’originale, mais plus riche et plus colorée.

J.Habert-Dys, petit pot fleuri, atelier Schopin

Il a travaillé dans d’autres ateliers de céramique, exposé des tableaux, fait des gravures et illustre des livres dont un ouvrage de Maupassant . Il a même créé les images d’un jeu de cartes conservé au Musée d’Orsay et a été professeur à l’École des Arts décoratifs jusqu’en 1927.

Emile Justin Merlot (1839-1900) atteint de surdité de naissance, est doué de dons artistiques précoces. A 17 ans, il se rend à Paris. Décidé à peindre, il suit les cours de Forestier et de Eugène Lavieille, où il se lie avec Harpignies. Peintre paysagiste et animalier, il est très influencé par l’Ecole de Barbizon.

Emile-Justin Merlot, les vaches dans la Trentaine, huile sur toile

Après la guerre de 1870, il se lance dans une carrière d’artiste peintre à Paris en continuant la décoration. Il a participé à la décoration de la Sainte Chapelle à Paris. Il va en Amérique, sans doute avec Adrien Schulz , pour réaliser de grands panoramas, puis en Angleterre et en Suisse, ce qui le fait connaître au niveau international. Il expose régulièrement aux Salons, obtient des récompenses dont une médaille de bronze lors de l’Exposition universelle de 1900.

Il réalise la décoration de céramiques pour la firme Haviland. Puis il vient décorer à la faïencerie Schopin à Montigny et y meurt célibataire à son domicile à l’âge de 61 ans.

Joseph Charles Schuller dit Carl (1852-1920) Né dans le Haut-Rhin, choisit la voie artistique. À Paris, il est élève de Dapoye et de Benner et se spécialise dans la peinture des fleurs et des oiseaux.

Carl Schuller, vase aux giroflées, atelier Schopin

En 1880, Schuller décore des pièces pour la faïencerie Schopin à Montigny. Il va ensuite décorer à Sarreguemines et à Longwy. Il fait partie de la Société des Artistes Français, expose régulièrement et est médaillé à l’Exposition Universelle de 1889. Il a décoré la tombe de la famille Renault de très belles plaques de céramique ornées de fleurs et d’oiseaux, dont la majeure partie a malheureusement disparu.

Joseph Mittey (1853-1936), peintre suisse, a introduit l’impressionnisme dans l’enseignement des arts en Suisse. Elève de Jeannin, président de la Société des Peintres de Fleurs, et du peintre Hugot, qui se disait lui-même « élève de Monet à Barbizon ». Il est venu jeune à Montigny et a travaillé à la faïencerie de Schopin.

En 1879, l’Ecole des Beaux-Arts et de l’Industrie de Genève a décidé d’ouvrir une classe de céramique et en désigne Joseph Mittey comme professeur titulaire. Rapidement, il ajoute à son enseignement la composition décorative puis la peinture décorative. Il expose à Paris au Salon des Artistes Français à partir de 1877, principalement des tableaux de fleurs, mais aussi des paysages de campagne ou de neige. Il pratique la peinture à l’huile, l’aquarelle, la pyrogravure colorisée alors à la mode et expose partout en Europe. Un grand panneau de faïence réalisé avec ses élèves pour l’Exposition Universelle de 1889 à Paris obtient le grand prix. Mittey reçoit aussi une médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1900, dont il organise la section genevoise.

La maison du Gué

Louis Joseph Isidore MONTAIGNAC (1851-1924)

Isidore MONTAIGNAC est administrateur de la célèbre Galerie Georges Petit, il se charge des relations internationales. C’est à ce titre qu’il devait partir sur le Titanic pour traiter avec une galerie américaine, mais des affaires de dernière minute l’ont empêché d’embarquer…

MONTAIGNAC est une personnalité réputée du marché de l’art. Il vient à Montigny sur l’invitation de son ami de jeunesse Adrien SCHULZ . Sur ses conseils, il achète cette propriété en 1893 à la famille SCHOPIN. Il y fait construire en 1895 une grande maison spacieuse avec une très belle vue sur la rivière, de grandes baies laissant entrer la lumière, une montée d’escalier imposante desservant une galerie sur laquelle ouvrent de vastes chambres en façade. Cette maison, étudiée et construite pour être, l’été, davantage une annexe de la galerie parisienne qu’une habitation de famille, voit défiler de nombreux touristes et clients aisés. Les œuvres d’artistes locaux et d’autres très connus y sont exposées. Certains artistes y logent.

Une petite passerelle de fer forgé permet de passer sur l’ilot voisin et de contempler les vaches qui venaient boire au gué, les canards ou encore devant chez lui les laveuses profitant du courant pour rincer le linge.

Sur la rive d’en face, de l’autre côté du , des deux côtés de la route de La Genevraye, il fait construire des écuries, la maison du majordome et celle du jardinier. Une de ces maisons a été pendant quelques années le lieu de repos du clown Zavatta.

Artistes familiers de la maison du Gué et de Montigny :

Henry Emilien Rousseau (1875-1933), peintre né au Caire, fils d’un polytechnicien engagé par Ferdinand de Lesseps pour le creusement du canal de Suez. Les sujets de ses tableaux sont surtout des paysages de l’Ile-de-France, de la forêt de Fontainebleau, de la Bretagne et du Limousin.

H. Rousseau, vue de Montigny, 1892

Jean-Paul (dit Paul) Aubé (1837-1916) sculpteur, réalise des monuments, des bustes et des médailles. Il a travaillé à Auteuil, puis serait venu à Montigny-sur-Loing. Aubé a fait la connaissance de Gauguin en 1877 : ils étaient voisins, et c’est sans doute lui qui a incité Gauguin à s’essayer à la création de « pots » que ce dernier espérait vendre facilement.

Jardinière, décor de Jean-Paul Aubé, atelier d’Auteuil.

 

Emplacements des plaques du centre village / Plaque locations in the village centre

 

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Bibliographie :

“Jours heureux à Montigny sur Loing”

Céramiques Impressionnistes et Grès Art Nouveau, Montigny sur Loing and Marlotte, de O. Fanica et Gérard Boué

La céramique impressionniste